Les Français exposés à des conditions de travail pénibles bénéficient de leur retraite moins longtemps que les autres sont les grands oubliés de la réforme. Il y a 13 ans de différence d’espérance de vie entre les 5% des Français les plus riches et les 5% les plus pauvre.
Dans sa réforme, le Gouvernement prévoit d’étendre le compte pénibilité créé lors du précédent quinquennat aux fonctionnaires.
Cela pourrait être une bonne nouvelle si le Gouvernement n’avait pas supprimé en 2017 par ordonnances quatre critères de pénibilité sur les dix qui existaient : le port de charges lourdes, les vibrations, les postures douloureuses et la présence d’agents chimiques dangereux.
Aujourd’hui, ce ne sont plus que seulement 180 000 personnes qui sont concernées par le dispositif. Une broutille quand on sait que le travail répétitif concerne à lui seul 2,5 millions de personnes selon le Ministère du Travail. Si le gouvernement remettait juste en place les quatre critères qu’il a supprimé c’est 800 000 personnes qui pourraient partir plus tôt à la retraite !
Malheureusement le gouvernement le refuse.
De plus, vouloir faire travailler les Français plus longtemps comme le propose la réforme des retraites, c’est également augmenter le risque de pénibilité pour eux. En effet, les seniors souffrent au travail. Le report de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans a fait exploser le nombre d’arrêts maladie chez les plus âgés. Selon l’Assurance maladie, la durée moyenne des arrêts de travail indemnisés est de 52 jours chez les 55-59 ans, de 76 jours à partir de 60 ans, contre 33 jours pour l’ensemble des salariés.
Enfin, dans ce projet, si la pénibilité physique est très peu abordée, il n’est aucunement question de la pénibilité psychologique et cela alors que l’OMS et le BIT considèrent maintenant que le stress est devenu le premier risque pour la santé des travailleurs.
La réforme des retraites du gouvernement ne prend donc absolument pas en compte la pénibilité.
Mais ce Gouvernement doit certainement considérer, tout comme l’un des rapporteurs LREM du projet de loi, que « la pénibilité, c’est aussi parfois beaucoup dans la tête » en parlant du métier d’agriculteur.